QUéBEC EXIGERA LA VENTE D’UN MINIMUM DE CAMIONS éLECTRIQUES

Après les voitures, les camions. Le gouvernement du Québec est en train de concevoir une nouvelle norme qui forcera les constructeurs à vendre un pourcentage croissant de véhicules moyens et lourds électriques, a appris Radio-Canada, de quatre sources.

Une norme véhicules zéro émission (VZE) existe déjà pour les automobiles. En 2035, au Québec, 100 % des voitures vendues devront être électriques. Et l'exigence va croissante d'ici là : 32,5 % en 2026, 60 % en 2028, 85 % en 2030.

Le gouvernement n'a pas encore fixé ses cibles ni l'échéance, mais il y travaille, inspiré par la Californie, où la moitié des camions vendus devront être électriques dès 2035.

Le ministère de l'Environnement du Québec a signé un contrat, en janvier, avec la firme CIMA+ pour modéliser la nouvelle réglementation. D'ici l'été, la compagnie doit dresser un portrait de l'utilisation des camions au Québec, analyser leur potentiel d'électrification et guider le paramétrage d'une future norme VZE pour les véhicules lourds.

Sur les 180 000 camions immatriculés au Québec, un peu plus de 500 sont électriques, selon les données de la SAAQ.

Le gouvernement Legault n'a pas voulu confirmer ses intentions. Il est trop tôt pour discuter de cette question importante, nous a répondu un responsable politique, en privé. Selon une source bien au fait du dossier, une annonce devrait survenir d'ici l'année prochaine.

Vendredi, à l'inauguration du Salon du véhicule électrique de Montréal, le ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie du Québec, Pierre Fitzgibbon, annoncera un projet pilote de livraison par camions électriques entre Montréal et Québec. Ce projet permettra de recueillir des données utiles à la préparation de la nouvelle norme VZE.

Fonctionnement de la norme VZE

Il s'agit d'un incitatif qui fixe des cibles de vente de véhicules électriques et qui permet aux constructeurs automobiles d’accumuler des crédits pour ces ventes. Les constructeurs peuvent revendre leurs crédits excédentaires à d'autres constructeurs pour leur permettre d’atteindre leurs cibles et d’éviter des pénalités.

Le modèle californien

Québec s'inspirera, sans nécessairement les copier, des objectifs ambitieux de la Californie, son partenaire dans le marché du carbone.

La cible californienne vise à atteindre 100 % de vente de véhicules routiers moyens et lourds électriques dans l'État en 2045. Pour y arriver, les fabricants auront l'obligation d'en vendre un pourcentage croissant à partir de 2024 pour atteindre, en 2035 :

  • 55 % des camions les plus légers électriques (classe 2b à 3)
  • 75 % des véhicules moyens et lourds (classe 4 à 8)
  • 40 % des semi-remorques

La Californie s'est aussi donné une cible pour l'électrification des autobus. Là-bas, toutes les agences de transport en commun doivent progressivement passer à une flotte d'autobus 100 % zéro émission d'ici 2040.

Dès 2026, 50 % des nouveaux autobus achetés par les grandes agences de transport en commun de l'État et 25 % des petites agences de transport devront être des bus zéro émission.

Au Québec, depuis 2021, le gouvernement Legault s’attend à ce que tout nouvel autobus faisant du transport d’élèves soit propulsé à l’électricité. Une cible de 65 % d'autobus scolaires électriques a été fixée pour 2030.

Le Plan pour une économie verte 2030 guide l'action du gouvernement pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) et atteindre la carboneutralité en 2050. François Legault et Pierre Fitzgibbon ont récemment fait le voeu que le Québec devienne le premier État carboneutre en Amérique du Nord.

La giga-usine de batteries de Northvolt, en Montérégie, qui devrait entrer en production en 2026, produira des cellules de batteries qui pourraient servir à des automobiles, mais aussi à des camions. Parmi les clients de l'entreprise suédoise, on compte d'ailleurs Scania.

Dans la province, la compagnie Lion, qui traverse des difficultés, fabrique des autobus et des camions électriques.

Une cible pour le Canada

Le gouvernement fédéral peaufine, lui aussi, sa norme pour les camions électriques. On sait déjà qu'Ottawa vise à ce que les véhicules zéro émission représentent 35 % des ventes totales de véhicules moyens et lourds d’ici 2030.

Ottawa n'a pas encore spécifié les classes de camions concernés.

Dans la région de Montréal, une cinquantaine de très gros camions électriques circulent déjà, avec une autonomie de 150 à 200 kilomètres.

Comme ils sont encore très chers, le gouvernement fédéral propose des mesures incitatives à l'achat avec une subvention jusqu'à 200 000 $ par véhicule lourd.

L'Association du camionnage met en garde les gouvernements

En réaction à ce texte, vendredi, l'Association du camionnage du Québec a tenu à rappeler que les infrastructures de recharges pour véhicules lourds sont encore insuffisantes sur les routes.

Son président Marc Cadieux s'inquiète aussi pour la rentabilité des entreprises, alors qu'actuellement, seule la moitié des surcoûts d'achat sont pris en charge par l'État.

Par ailleurs, les camions électriques sont aussi 10 à 20 % plus lourds que les camions conventionnels : le gouvernement devra revoir les limitation de charges, selon lui.

Sinon, pour transporter la même quantité de marchandises, il faudra plus de chauffeurs et plus de camions. Ça va créer plus de congestion, prévient-il.

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