DéCOUVERTE « HISTORIQUE » DE CONCENTRATION D’HYDROGèNE BLANC AU TéMISCAMINGUE

Des concentrations atypiques d’hydrogène blanc ont été retrouvées à Saint-Bruno-de-Guigues par une équipe de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS).

Des échantillons démontrent que les sols contiennent une quantité d’hydrogène blanc jamais vue au Québec.

Depuis l'été, des étudiants et un professeur de l'INRS sillonnent les rangs de Saint-Bruno-de-Guigues pour prélever des échantillons. Leur but? Prouver que le secteur est riche en hydrogène blanc, aussi appelé hydrogène naturel.

La découverte du secteur hautement anomalique s'annonce prometteuse, selon le professeur et géologue Marc Richer-Laflèche.

Il précise toutefois que la taille des réservoirs n’est pas encore connue. L’exploration au Canada demeure assez récente et les rares exemples sont, selon le spécialiste, négligeables en termes de concentration.

L'entreprise Quebec Innovative Material Corp. (QIMC) est partenaire dans la recherche. Le président et cofondateur, John Karagiannidis, qualifie les résultats de classe mondiale en comparaison à des découvertes en France et en Australie.

Ce gaz enfoui dans le roc pourrait servir à alimenter les véhicules et les camions avec une empreinte carbone négligeable.

À quoi s’attendre?

Le projet en est à ses balbutiements et devrait prendre plusieurs années avant d'être mis sur pied. Ça dépend des compagnies, du financement, ça dépend des gouvernements, des politiques, ainsi de suite, énumère Marc Richer-Laflèche.

Son extraction est habituellement très peu visible dans le paysage, à la différence de mines ou de carrières.

On parle vraiment d'implantation de quelques puits, peut-être deux ou trois puits de captation. Ce sont des structures qui font peut-être avec des bordures de protection 20 ou 30 mètres carrés, indique Marc Richer-Laflèche. La tuyauterie est enfouie sous les terres agricoles, acheminée en bordure des chemins publics et excavée à nouveau pour aller vers une petite usine de transformation.

L’hydrogène naturel est renouvelable à l’endroit où il est capté. Questionné sur les risques, le professeur Richer-Laflèche admet que le risque zéro n’existe pas avec des gaz combustibles, mais que les technologies sont éprouvées par l’industrie.

Il est encore trop tôt dans le projet pour déterminer comment le gaz serait entreposé et transporté, puisque plusieurs acteurs du milieu seraient alors impliqués dans les prises de décisions.

Une énergie verte en demande

Le président de QIMC, John Karagiannidis, parle d’un marché bouillonnant. Il y a des acteurs japonais qui veulent acheter la production, des acteurs californiens, des acteurs québécois, illustre-t-il.

Il attribue ce vent de popularité à une empreinte écologique d’exploitation minime et à un coût par kilogramme beaucoup moins dispendieux que l’hydrogène vert.

Plusieurs pays s’intéressent de plus en plus à cette énergie renouvelable. John Karagiannidis ne s'en cache pas, cette découverte pourrait devenir un enjeu politique, surtout dans le contexte de transition énergétique et de l’objectif de Québec de carboneutralité en 2050.

Il faut qu’on soit réalistes. Qu’est-ce que le gouvernement du Québec veut faire aussi avec cette belle découverte?, se questionne M. Karagiannidis.

Les premiers plans seraient prêts à être présentés au gouvernement à la fin du printemps prochain.

Les premières impressions

Le maire Richard Robert se dit optimiste, mais demeure prudent. Une rencontre entre l'équipe de recherche et la municipalité est prévue à la fin du mois.

On n’a pas énormément d’informations, on sait juste que c’est un projet qui s’annonce très bien pour le territoire de Saint-Bruno-de-Guigues, mais aussi pour une bonne partie du Témiscamingue, dit-il.

Le président de QIMC affirme pour sa part avoir visité la région et les propriétaires de terrains où les échantillons sont prélevés. On a une très belle acceptabilité sociale, les gens sont très intéressés au projet, estime-t-il. On veut que la communauté s’implique aussi.

Il s’attend aussi à ce que plusieurs emplois soient créés et qu’une expertise se développe dans la région.

La géologie du secteur étudié de Saint-Bruno-de-Guigues est particulière. Une faille et des roches sédimentaires dans le graben du Témiscamingue contribuent à conserver l’hydrogène et éviter qu’il s’évapore.

On peut produire à beaucoup d’endroits en Abitibi de l’hydrogène, mais de le capter et de le stocker dans une structure géologique, c’est très rare, cite en exemple le professeur Marc Richer-Laflèche.

À Saint-Bruno-de-Guigues, des sites d’extractions de silice, de chaux et d’argent ont notamment façonné l’histoire de la municipalité.

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